Maria Nowak: Mon ami, Joseph Czapski

J’ai rencontré, Joseph, en 1947,  dans un petit hôtel, rue des Ecoles. J’avais 12 ans, lui 50. Officier  de l’armée polonaise, prisonnier de l’armée Rouge,  il échappa par miracle au massacre de Katyn, rejoignit l’armée d’Anders  constituée de prisonniers polonais, et participa avec elle, aux côtés des Britanniques à la libération de l’Italie. Moi, j’avais passé  la guerre à Lwow qui a connu successivement une invasion soviétique, puis nazie, puis encore soviétique. Mes parents étaient en prison en tant que résistants. Je passais donc d’une famille à une autre pour survivre. Lorsque la guerre finit, mon père, libéré du camp de Bergen Belsen, ne pouvait rentrer en Pologne sans être liquidé par les communistes. Avec mon  plus jeune frère, nous sommes donc venus en France pour le retrouver.

Je n’ai pas beaucoup communiqué avec Joseph à ce moment- là, en dehors de l’orthographe qu’il voulait bien me corriger.  Il tentait, non sans mal, de faire connaître aux Français la réalité du Goulag, et de la « Terre Inhumaine » à laquelle ils ne croyaient pas. J’étais, pour ma part, plongée pour dans l’apprentissage du français et dans le rattrapage scolaire.

Je l’ai vu régulièrement, car bien qu’il ait déménagé avec l’équipe de Kultura  à Maisons Laffitte. Il garda des relations d’amitié avec mes parents et quand mon père mourut il fit ce qu’il put pour aider ma mère. C’est en l’accompagnant un soir en voiture, après un dîner à la maison,  que nous sommes devenus amis. Nous parlâmes de la guerre et je lui ai raconté comment ma maison a brulé après une attaque des Allemands contre les résistants, qui s’y cachaient, ne laissant que les enfants dans les décombres.

C’est à partir de cette date que je nous nous sommes vus régulièrement.  Il ne pouvait plus venir à Paris. C’est moi qui venais le voir le dimanche. J’ai découvert sa peinture. Il m’a soutenu dans mon projet de Banque des pauvres. Nous passâmes des vacances ensemble dans un petit hôtel près de Maisons Laffitte. Il m’apporta comme à tous ceux qui l’entouraient une immense ouverture  d’esprit et de coeur.

Maria Nowak à Cracovie, dans le pavillon Józef Czapski

 

Maria Nowak, économiste et spécialiste du domaine de la micro-finance, qui a amené le concept en France alors qu’il était encore une idée associée aux économies émergentes.

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