Albert Camus, André Malraux, François Mauriac, Jacques Maritain, Charles de Gaulle, Misia Sert, Picasso – les noms de ces quelques personnalités sont autant de liens tissés en France par Józef Czapski au cours de son séjour de plus d’un demi-siècle.
C’est une page exceptionnelle de l’histoire de la France et de la Pologne. La France, ses rues, ses bars, ses théâtres, ses acteurs, ses paysages. Des personnages, connus ou inconnus, perpétués sur les tableaux et les dessins de l’artiste polonais.
Józef Czapski (Joseph Czapski), peintre, dessinateur, écrivain, essayiste et critique polonais. Né en 1896 à Prague, décédé en 1993 au Mesnil-le-Roi et inhumé au cimetière local.
Il a passé son enfance dans le domaine familial situé en Biélorussie actuelle, sur un territoire jadis appartenant à la Pologne, mais sous occupation russe jusqu’en 1918. Son père était polonais, sa mère autrichienne. 0riginaire d’une famille noble, il n’a jamais utilisé son titre de comte.
Czapski a fréquenté les écoles russes de Saint-Pétersbourg et y a étudié à la Faculté de Droit. Après la révolution bolchévique, ayant perdu tous ses biens, il s’est rendu en Pologne, à Varsovie et à Cracovie.
Il a étudié brièvement à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie, puis, à partir de 1921, à celle de Cracovie, dans l’atelier du professeur Józef Pankiewicz. Celui-ci séjournait souvent en France, il était ami de Pierre Bonnard.
En 1923 Czapski a fondé, avec d’autres étudiants, le groupe des « Kapistes »; en 1924, ils sont partis à Paris pour y découvrir la peinture dans les musées, les nouveaux courants artistiques, pour admirer les ballets russes. Il y a fait la connaissance de nombreux intellectuels, dont André Malraux, François Mauriac, Jacques Maritain.
Il y a découvert Marcel Proust.
Józef Czapski a présenté ses tableaux pour la première fois en France lors d’une exposition collective du groupe des « Kapistes » à la galerie Zak à Paris.
Il rendait régulièrement visite à Misia Sert dans son appartement rue Constantine. La muse de Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, Félix Vallotton, Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, l’inspiratrice des écrivains (Proust, Cocteau, Mallarmé, Apollinaire) et l’amie des compositeurs (Claude Debussy, Maurice Ravel, Igor Stravinski, Karol Szymanowski) décida d’aider les « Kapistes ».
Czapski fit alors la connaissance de Sergei Diaghilev et de ses danseurs: Nijinski, Balanchine, Lifar. Son ami Daniel Halèvy lui parlait de Degas.
Dans les années 1924-1935, le peintre séjourna souvent à Paris. Après la 2e guerre mondiale, rescapé des camps soviétiques, ne pouvant pas revenir en Pologne, il resta en France et habita d’abord à Paris, puis à Maisons Laffitte, pour se fixer définitivement en 1954 dans la maison du 91, avenue de Poissy au Mesnil-le-Roi – site des éditions de l’Institut Littéraire.
Il habitait une modeste pièce, qui lui servait de chambre à coucher et d’atelier. Il était fasciné par la peinture de Cézanne et adorait Bonnard. Il tenait pour modèles d’expression artistique Chaïm Soutine et Nicolas de Stäel.
Observateur assidu de la vie parisienne Czapski l’a dessinée et peint pendant plus de 50 ans. Sur ses tableaux, on voit la salle Pleyel, les théâtres (surtout l’Odéon), les acteurs qu’il connaissait et qui lui ont commandé des tableaux: Madeleine Renaud, Pierre Vial.
Il y a aussi les dessins, sur lesquels figure par exemple Michael Lonsdale, qu’il a vu dans la pièce de Witkiewicz „La Mère”.
Dans son journal intime, on retrouve les portraits d’Edith Piaf, du général Charles de Gaulle, de Valéry Giscard d’Estaing, d’André Malraux. Il a découvert ce dernier dans les années 1930, dans le salon de Daniel Halévy. L’auteur de la Condition Humaine a acheté des tableaux de Czapski après la guerre, lorsqu’il était ministre de la culture. Grâce à lui, le peintre polonais a fait la connaissance de nombreux diplomates et membres du gouvernement français qui ont aidé les Polonais lorsque leur pays était sous le joug communiste après la 2e guerre mondiale.
Les dessins et les tableaux de Czapski figurent dans de nombreuses collections privées de France. Il faut en particulier mentionner celle de Gilles de Boisgelin.
Les tableaux de Czapski permettent d’entrer dans les bars, les cafés, les restaurants, les salles de concert et de découvrir la France à travers son regard. Sensible à la destinée humaine, il fixait dans des cadres picturaux atypiques la vie des pauvres.
Il adorait peindre les plages de France et la nature qui l’entourait: il s’y perdait, comme son maitre Cézanne.
Visitez la maison de « Kultura » à Maisons -Laffitte, où il habitait, puis venez à Cracovie pour visiter dans le Pavillon qui porte son nom, sa chambre reconstruite, admirer ses tableaux appartenant aux collections polonaises et retrouver l’empreinte de la France à l’exposition biographique.
Vous pourrez vous rendre ensuite au Palais de Kurozwęki, où les descendants de Gilles de Boisgelin présentent une superbe collection de tableaux de Józef Czapski.
Découvrez la France et la Pologne en suivant la piste de Józef Czapski et de ses tableaux: www.czapskifestival.pl